Des Planches aux planches

….le rebond

 

Dans un berceau de bois,

Dans un hangar a sciures,

Au milieu du village

Sous des troncs

Emmaillotée dans des palettes,

De brunes palettes

 

Bercée par le dzim dzim industriel d’un chariot

Qui va et qui vient

La belle au bois dormant,

Étalée sur son lit de découpe,

Qui de son tronc de chêne adulte;

Sort des planches utiles à façonner

Nos quotidiens et nos foyers

 

Les hommes qui la regarde, la mesure, la pèse et la porte

La travaille, non pas en bête de somme;

Mais en amoureux blêmes et verdoyants,

 

Autour d’elle;

Odeurs et champignons,

Mousses et écureuils;

Autant de vie

Animales ou végétales

Qu’elle arbore avec une haute majesté

De sa place matriarcale

 

Les hommes viennent eux

Bien après;

Glaner la fin de vie de la belle des forets.

Des hommes, qui tels des charrons de la Grèce antique;

Transportent la belle vers l’univers de nos salons,

De nos foyers, de nos maisons.

 

Des hommes qui font d’elle des planches, des planchers;

Des chevrons ou encore des madriers,

Des hommes qui la tranche, la rabote, la recoupe

Des hommes qui taillent cette noble dame

Afin qu’elle coiffe nos habitations

 

Des hommes qui construisent,

Qui assemblent, qui vissent,

Collent ou encore scient

Ces charpentes ou ces escaliers;

 

Des squelettes en bois,

Qui abritent l’humanité

Depuis que l’homme des cavernes

S’est mis à l’exploiter, à la dompter.

 

Mais aussi des cercueils,

Pour protéger nos défunts

Qui avant de se rendre à la terre

Prennent place dans un dernier lit

 

Des hommes qui se réchauffent, à la chaleur de ses flammes;

Des hommes qui se passionnent pour sa noblesse,

Des hommes qui connaissent d’autres essences

Que celles de Jean-Paul Gaultier,

Ou que celles de nos moteurs à pollution.

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